Cyclades, Sporades, Dodécanèse. Santorin, Rhodes, Delos… Autant de noms qui nous renvoient à nos cours d’histoire! Et la Crète? Elle n’a sûrement pas à pâlir devant aucune autre de ces perles! Zeus y serait né puis y aurait été élevé par des Nymphes dans la grotte sacrée du mont Psiloritis, au cœur de l’île. Dédale y construisit son labyrinthe pour y enfermer le Minotaure furieux que Thésée vaincra en suivant le fil d’Ariane. Des siècles après l’Antiquité, la Crète demeure une des îles les plus convoitées de la Méditerranée et sera occupée tour à tour par les Romains, l’empire ottoman, les Vénitiens, encore les Turcs, puis les allemands et libérée par les Alliés. Mais bizarrement, aujourd’hui, l’identité est… on ne peut plus crétoise! Particulièrement dans la région de Sfakia, où nous allons… encore une fois à notre façon!
D’abord y pagayer pour découvrir ces minuscules villages dont certains ne sont pas encore reliés par aucune route au reste de l’île, si ce n’est la route maritime… le grand bleu de la mer de Lybie! Entre ces villages tout de bleu et blanc où le temps semble s’être arrêté, se cachent aussi de petites plages de galets, adossées aux falaises et parfumées de l’odeur des pins et genévriers. Certaines désertes, d’autres animées par une taverna locale qui nous préparera calmars frits et généreuse salade grecque à l’heure du lunch. En tout, 4 jours de kayak, sous l’emprise du climat généreux de la Crète, de l’eau limpide de ses côtes rocheuses et du paysage découpé des montagnes qui plongent, en certains endroits, 2000 mètres des sommets à la mer, par gorges et falaises.
Et alors, ces montagnes? Se contenter de les regarder? Bien sûr que non! Au kayak, s’ajoutent donc cinq journées de marche dans les Lefka Ori ou montagnes Blanches. De toutes les gorges qui découpent et retaillent le massif, Samaria est la plus spectaculaire. Nous y marchons une journée, un aller-retour pour se plonger au cœur des montagnes et des forêts du parc Samaria. Un réchauffement pour la montée des jours suivants, cette fois vers Agios Ioanis et la bergerie familiale des Georgedakis, au cœur des Lefka Ori. Nous y allons déjà depuis la fondation de Karavaniers en 1998... et aller en Crète sans passer par la bergerie (on peut presque dire que c’est …not’ bergerie)… c’est encore un sacrilège punissable par Zeus lui-même! La montée est mémorable, par un sentier côtier qui nous laisse deviner le parcours fait ces derniers jours en kayak. Puis les montagnes sont là, et notre plus gros défi, le Zéranokefala, à plus de 2000m. Avant de regagner la mer par une magnifique voie romaine bien préservée, il nous faudra bien sûr goûter à l’agneau préparé par Anna, le fromage et le raki maison et se délecter des ciels étoilés et du grand silence des montagnes, brisé seulement par le tintement des cloches pendues au cou des chèvres et moutons!
Et parce que la Crète sera toujours la Crète, entre la mer et les montagnes, il s’agit bien sûr de Dolce Vita! Le rythme est donné dès l’arrivée avec la découverte du port vénitien de la petite ville de Hania. Puis chaque soir, après les efforts et la baignade, c’est l’auberge retrouvée, l’apéro à la terrasse d’une taverna du village. Enfin, dans la douceur du soir, les plats de salades, tzaziki, marinades, brochettes et poissons grillés, fromage et le vin local… le tout arrosé d’un filet d’huile d’olive! Comme le disait Brassens : Et le p’tit bleu, est-ce que ça ne le rend pas meilleur, d’être servi au sein des vignes du Seigneur?