Guider en Tanzanie : entre volcans, safaris et rencontres humaines

De retour de Tanzanie depuis quelques jours seulement, Ophélie, spécialiste et guide de la destination chez Karavaniers, partage son expérience vécue aux côtés d’un groupe de voyageurs et de l’équipe locale. Entre le Mont Méru, le Kilimandjaro et la portion safari, elle raconte ses émotions, son vécu et ses petits trucs de guide.

Un récit qui va bien au-delà de la conquête d’un sommet.

Photo d'Ophélie, souriant lors de son voyage de trek en Tanzanie avec Karavaniers

Pourquoi commencer par le Mont Méru avant le Kilimandjaro ?

Ophélie : Pour deux raisons principales. D’abord parce que le Méru est une montagne à part entière qui mérite le détour : deuxième sommet de Tanzanie, cinquième d’Afrique, et un volcan à la silhouette spectaculaire en forme de fer à cheval. Ensuite, parce que son ascension constitue une préparation idéale pour le Kilimandjaro.

Notre trek dure quatre jours : trois pour atteindre le sommet et une journée de descente. En si peu de temps, on traverse une incroyable variété de paysages. On passe d’une forêt primaire luxuriante à un univers minéral de poussière et de roche volcanique, qui donne l’impression de marcher sur une autre planète. Et surtout, le Méru offre les plus belles vues sur le Kilimandjaro.

C’est une introduction idéale à la montagne. Oui, c’est un bon test, mais c’est aussi un vrai défi : il ne faut pas sous-estimer le Méru. Il prépare physiquement et mentalement à la haute altitude. Et grâce à cette acclimatation, on peut ensuite emprunter la voie nord du Kilimandjaro dans de meilleures conditions. Bref, un très grand plus.

Groupe de voyageurs karavaniers, aux côtés d'Ophélie notre spécialisate de la destination. Le groupe est sur les sentiers du Mont Méru.

Le moment où le Kilimandjaro apparaît : que ressentez-vous ?

Ophélie : Dès Arusha, si le ciel est dégagé, on voit déjà le Méru. C’est le premier choc visuel pour le groupe. Les voyageurs sont impressionnés, et tout de suite. On devine très bien la pente et la fameuse crête que nous allons gravir, et chacun mesure déjà l’effort à venir.

Mais le moment le plus fort, c’est quand, en étant sur le Méru, le Kilimandjaro se révèle pour la première fois. On ne prévient pas le groupe : on fait une pause, on les laisse découvrir. Et là, c’est toujours une surprise, une explosion de joie.

Je me souviens de Benoît, un participant qui rêvait du Kili depuis 25 ans. Quand il l’a vu surgir, j’ai eu l’impression d’être devant un enfant à Noël ouvrant son cadeau. C’était émouvant, puissant, et ça représente bien la charge émotionnelle de cette découverte.

Randonneuse qui regarde au loin, par dessus les nuages, le Kilimandjaro qui dépasse. Le toit de l'Afrique s'impose, majestueux, depuis le Mont Méru.

La montagne vous a-t-elle appris à guider autrement ?

Ophélie : Comme guide, je vis l’expérience différemment qu’un participant. J’appréhende les étapes, je connais la montagne, et je me connais relativement bien aussi. Mais ce qui me passionne le plus, c’est d’apprendre à connaître les voyageurs, surtout dans les moments de difficulté, car cela me permet de mieux anticiper et d’ajuster la suite.

Les journées plus exigeantes, que ce soit l’ascension du Méru ou certaines étapes du Kilimandjaro, comme celle qui mène au cratère à 5 700 mètres, sont particulièrement précieuses. Elles révèlent beaucoup sur les voyageurs : leurs forces, leurs fragilités, leur manière de réagir face à l’adversité.

En tant que guide, cela demande une écoute fine, de la sensibilité et beaucoup d’empathie pour accompagner chacun dans ce passage. J’aime dire qu’il faut être attentif aux mots… mais aussi aux maux.

Groupe de voyageurs qui a terminé l'ascension du Mont Méru et pose devant le panneau, au sommet.

Vos petits trucs de guide

Ophélie : Le plus important, c’est de vivre une journée à la fois. En montagne, on a vite tendance à regarder trop loin et à se décourager devant l’immensité. Mais en se concentrant sur le présent, étape par étape, on progresse beaucoup mieux.

Deuxième conseil : mettre l’orgueil de côté. La montagne, et surtout l’altitude, ne pardonnent pas. Même les plus sportifs peuvent se sentir vulnérables. Il faut donc écouter son corps, se faire confiance… et faire confiance à son guide et à l’équipe.

Troisième petit truc : bien s’hydrater, même quand la soif ne se fait pas sentir. Et penser à hydrater sa peau aussi : le vent et le froid ne font pas de cadeaux.

Quatrième astuce, simple mais redoutable : garder une collation « coup de cœur » dans le sac. Un carré de chocolat, ou même un bonbon… ça peut transformer l’humeur d’une montée.

Et enfin, le dernier mais non des moindres : la fameuse bouteille pipi pour la nuit ! Croyez-moi, c’est un incontournable dont on comprend vite l’utilité.

En quoi ce voyage est-il différent des autres?

Ophélie : Chaque voyage est unique, parce que chaque groupe est différent. Mais il y a une constante en Tanzanie : l’équipe locale. Leur énergie, leurs chants, leurs rires, leur chaleur humaine… c’est ce que les voyageurs retiennent le plus.

Les gens viennent pour le sommet du Kilimandjaro, pour la photo au panneau. Mais en repartant, ce qu’ils gardent le plus en mémoire, c’est le volet humain. La fraternité, les liens créés avec le groupe et l’équipe.

Ce trek est aussi particulier parce qu’il est construit comme trois chapitres complémentaires : le Méru, puis le Kilimandjaro, et enfin le safari. Terminer onze jours de marche par des nuits en camping dans la savane est un moment inoubliable. La nuit, on entend la vie sauvage autour de nous, tous les sens sont en éveil. C’est une autre forme d’intensité, une autre manière d’habiter l’instant.

Quels temps forts vous reviennent en mémoire ?

Ophélie : Ce sont surtout les petits rituels du quotidien. L’énergie débordante de l’équipe locale, capable de réveiller tout le monde dans la bonne humeur… même à trois heures du matin. Les soirées de jeux sous la tente mess, où l’on rit ensemble malgré la fatigue. Et bien sûr, l’émotion collective au sommet : des larmes, des rires, un soulagement immense… un moment que je vis avec intensité à chaque fois.

Je reviens toujours énergisée de ce voyage, comme regonflée à bloc. J’y retournerais n’importe quand, ne serait-ce que pour le plaisir de travailler avec eux et de partager ce bonheur avec nos voyageurs.

Meru et les 3 sommets du Kilimandjaro

Élément emblématique de la savane : un éléphant seul sur fond de plaine verte.
Ophélie Jaskiewicz
Trek au Kilimandjaro avec Karavaniers, marche des voyageurs sur les neiges éternelles au lever du soleil
Ophélie Jaskiewicz
Panneau de félicitations au sommet du Kilimandjaro, plus haute montagne d’Afrique, trek Karavaniers.
Ophélie Jaskiewicz
Campement et ambiance chaleureuse dans la forêt tropicale du Kilimandjaro, départ du trek Karavaniers
Ophélie Jaskiewicz
Groupe de randonneurs marchant dans une forêt dense.
Ophélie Jaskiewicz
Nuit étoilée sur les flancs du Kilimandjaro, vue sur les sommets enneigés pendant le trek Karavaniers
Ophélie Jaskiewicz
Randonneurs progressant sur l’arête du Kilimandjaro au-dessus des nuages, expédition Karavaniers
Ophélie Jaskiewicz
Marche finale sur la neige vers le sommet du Kilimandjaro, trek d’aventure Karavaniers
Ophélie Jaskiewicz