Randonneur avec sac à dos en approche d’un sommet rocheux et enneigé sous un ciel bleu

Karavaniers : lentement, sûrement depuis 1998

Depuis un quart de siècle, Karavaniers avance à sa manière : lentement, sûrement, sans jamais dévier de sa ligne. Celle du voyage pensé, du terrain écouté, du chemin dessiné avec soin.

Suzanne, co-fondatrice et complice de la première heure, nous raconte les débuts bricolés, les choix assumés, et l’envie intacte d’ouvrir la voie.

Couverture d’un ancien catalogue Karavaniers du Monde datant de l’été-automne 1998, montrant quatre trekkeurs lourdement chargés, progressant sur une pente rocailleuse au pied de hauts sommets enneigés de l’Himalaya

Pourquoi revenir sur l’histoire de Karavaniers ?

 

« Parce qu’on oublie parfois à quel point on est allés loin, sans jamais trahir notre point de départ. »

 

Karavaniers a vu le jour en 1998, à une époque où le Québec ne comptait pas encore d’agence de voyages d’aventure spécialisée en randonnée ou en expédition. C’était un projet un peu improvisé, porté par une équipe passionnée de voyage qui voulait faire les choses autrement.

Mais ce « autrement », justement, on peut le définir… Dès les débuts, il s’agissait de concevoir chaque voyage de A à Z, avec les partenaires locaux. Pas question de revendre des circuits tout faits. L’idée : créer du neuf, pour de vrai. Et marcher avec les gens d’ici comme avec ceux de là-bas.

Silhouette d’un marcheur solitaire en parka avançant dans une vaste étendue enneigée, au coucher du soleil

Les débuts : cartes sur table et premières traces

Trois types de voyages sont rapidement nés de cette volonté :

  • Les expéditions très autonomes, dans des coins reculés comme Baffin ou le Zanskar.
  • Les voyages construits avec des partenaires locaux, comme au Maroc ou au Pérou.
  • Les itinéraires plus « confort », comme nos Dolce Vita en Europe, mais toujours pensés de A à Z.

Et c’est le format expédition qui, au départ, a forgé la réputation de Karavaniers. Des traversées hivernales, souvent dans des régions jamais explorées à pied. Ce qui motivait l’équipe ? S’asseoir autour d’une carte, pointer une région isolée, et se dire : « On y va. »

Ancienne brochure de Karavaniers Skieur tirant un traîneau sur une plaine glacée

Voyager à pied, comme une philosophie

Le voyage à pied n’a jamais été une fin en soi. C’est un prétexte, un moyen d’accéder à des endroits qu’aucun véhicule ne peut atteindre. Marcher pour aller là où personne ne va. Puis, rapidement, le kayak s’est ajouté. Et la haute montagne aussi.
Les guides proposaient des idées, et l’équipe les suivait. L’envie de découvrir menait la barque, et tout était à inventer.

Justement, avez-vous des anecdotes de ces premières années ?

Il y en aurait mille ! On improvisait beaucoup, donc on a dû gérer énormément de situations imprévues : vols annulés, urgences, instabilité politique. À l’époque, il n’y avait pas Internet comme aujourd’hui. Parfois, il était difficile de contacter les groupes ou de recevoir des nouvelles rapidement.

Je me souviens d’un repérage au Népal pendant un couvre-feu. On a dû être escortés jusqu’à l’hôtel avec une carabine dans le dos… Ou encore d’un guide arrêté dans une région où il n’y avait jamais eu de touristes. On dépendait énormément du contexte local, et souvent, ce n’était pas simple.

Il y a eu ce groupe qui n’est jamais arrivé à destination. On les a cherchés pendant deux jours… Ils s’étaient fait escamoter à Miami ! On a reçu l’appel du bureau : “The plane has arrived, but not the group.”

On a aussi eu des cas où des guides devaient être rapatriés en urgence. Donc on devait avoir non seulement un plan B, mais aussi un plan C, un plan D… et parfois un plan Z. Mais ce qui nous a toujours sauvés, ce sont nos partenaires locaux, qui ont été incroyables.

Et après toutes ces années, quelles ont été les grandes étapes dans l’évolution de Karavaniers ?

Il y a bien sûr eu des tournants. La pandémie a été un moment marquant. On a dû créer des voyages au Québec, dans l’Ouest canadien, pendant que les frontières étaient fermées. Le défi, c’était de garder l’équipe, au bureau comme sur le terrain. Et on l’a fait.

Dès que c’était possible, on est repartis avec des groupes. Mais ce qui est beau, c’est que les voyageurs avaient encore plus envie de ce type de voyage-là : long, engagé, réfléchi. On a aussi continué à développer les voyages sur mesure, les voyages caritatifs, les groupes scolaires. Ces formules font découvrir la randonnée ou le kayak à des gens qui n’auraient jamais pensé s’y mettre, et c’est une grande fierté.

Et aujourd’hui ? Vers quoi se dirige Karavaniers ?

On continue à faire ce qu’on a toujours fait : découvrir de nouveaux itinéraires. Pas nécessairement dans de nouveaux pays, mais dans des régions méconnues ou délaissées. On veut aussi rendre le sur mesure plus accessible, pour les personnes qui veulent partir entre ami·es, ou en famille. Le format groupe privé se développe bien. Et bien sûr, on continue les voyages pionniers, toujours en collaboration avec nos guides.

Parlons justement des guides. Quel rôle ont-ils eu dans cette construction ?

Ils sont au cœur de tout. Le guide, c’est celui que les voyageurs voient le plus. C’est lui qui incarne Karavaniers sur le terrain, qui fait le lien entre la culture locale, le projet de voyage et l’équipe au bureau. Nos guides sont bien plus que des accompagnateurs : ils participent à la conception, au repérage, à l’évolution des itinéraires. Et ils connaissent parfaitement le terrain. On envoie rarement un guide sur un circuit qu’il ne connaît pas.
Cette collaboration est précieuse. C’est aussi ce qui fait notre différence par rapport à d’autres agences. Il y a une vraie culture d’équipe, et ça se sent.

Pour conclure…

Revenir sur notre histoire, c’est se rappeler que Karavaniers n’a jamais été une entreprise comme les autres. C’est un projet porté par des humains qui marchent, qui écoutent, qui tâtonnent parfois — mais qui tracent une route fidèle à leurs valeurs.

Et cette route, elle continue.

Skieur en progression dans un vaste paysage de neige et de dunes glacées
Jean-Philippe Bosset
Mur rempli de cartes, articles et photos retraçant l’histoire de Karavaniers
Karavaniers
Cimes enneigées de l’Himalaya avec drapeaux de prières flottant au vent
Karavaniers
Groupe de skieurs en pause au cœur d’un massif alpin enneigé
Jean-Philippe Bosset