M’Goun & Tessaout : marcher entre vallées et sommets
Onze jours à pied, à travers vallées encaissées, villages en terre crue et crêtes minérales. Ce trek, c’est une traversée lente du Haut-Atlas central. On marche dans les pas des muletiers, on partage le thé avec ceux qui vivent là. Et on grimpe, jusqu’au sommet du M’Goun, avant de redescendre les pieds dans l’eau. Ophélie nous parle ici d’un Maroc sans floklore, fait de reliefs, d’efforts et de rencontres.
En quoi cette traversée de l’Atlas est si singulière ?
Ce voyage… c’est peut-être mon préféré au Maroc. Il me semble être le plus complet. Quand on pense au Maroc, on imagine souvent le désert, les dunes. Et c’est normal : c’est d’ailleurs notre région la plus populaire. Mais on oublie que le Maroc est avant tout un pays de montagnes. L’Atlas traverse tout le centre du pays et, même pour aller dans le désert, on doit le traverser. Pourtant, on y reste rarement longtemps.
Ce trek-là — M’Goun et Tessaout — c’est autre chose. Onze jours de marche. On prend vraiment le temps de traverser trois vallées différentes. Et on y ajoute l’ascension du M’Goun, troisième sommet du Maroc, à plus de 4000m d’altitude. C’est un itinéraire engagé, mais il offre une diversité incroyable : des paysages qui changent chaque jour, une immersion complète dans la culture amazighe, une lecture du territoire à travers les jambes, mais aussi les rencontres.
On commence en basse altitude, vers 1000-1500m, dans des vallées verdoyantes, avec des villages et des cultures. Puis on s’élève progressivement, on traverse des gorges, des canyons, et l’ambiance devient plus minérale, volcanique, avec cette roche noire, l’ocre rouge des montagnes…
Une fois qu’on atteint le sommet du M’Goun, on redescend… les pieds dans l’eau ! On suit littéralement la rivière du M’Goun, encaissée dans une gorge spectaculaire. Et on termine dans la vallée des Roses, dans un tout autre décor, plus aride, presque présaharien. Les maisons, la végétation, l’architecture changent complètement. Et au printemps, pendant la floraison des roses (mai-juin), c’est de toute beauté.
L'ascension du Toubkal est souvent plébiscitée des marcheurs. Pourquoi ne pas inclure le Toubkal dans cet itinéraire ?
Le Toubkal, c’est le plus haut sommet du Maroc. Il est proche de Marrakech, très facile d’accès, et peut se faire en deux ou trois jours. C’est aussi ce qui le rend très fréquenté, et justement presque trop. On ne l’a jamais proposé seul en voyage Karavaniers, justement pour cette raison.
Le mont M’Goun, lui, se mérite. Il est plus isolé. On ne peut pas y aller directement, il faut traverser les vallées, prendre le temps. C’est une approche plus lente, plus cohérente avec notre manière de voyager. Et puis, sincèrement, c’est aussi beaucoup plus beau. Les paysages sont variés, les sentiers moins fréquentés, les villages plus préservés. Ce n’est pas juste « cocher un sommet » : c’est vivre une traversée, une immersion.
Comment se vit la rencontre avec les populations berbères ?
C’est un des grands plaisirs de ce voyage. D’abord parce qu’on travaille avec la même équipe locale depuis près de 18 ans. Ce sont des guides berbères, francophones, qui facilitent les échanges, qui créent des ponts. On marche avec eux, on apprend avec eux.
Pendant le trek, on dort la plupart du temps en campement, dans des coins très isolés. Mais on passe aussi par des villages. Il y a donc quelques nuits chez l’habitant, comme à Megdaz un des plus beaux villages, selon moi. Et parfois on croise des campements nomades ou semi-nomades, avec qui on partage un thé, un sourire, un moment. Ces rencontres ne sont jamais forcées. Elles naissent de la curiosité mutuelle, d’une présence respectueuse.
Et ce qui est fascinant, c’est que selon les vallées traversées, la culture change. En fin de parcours, dans la vallée des Roses, on est déjà dans une autre ambiance. Le voyage donne à voir cette richesse-là : des paysages, bien sûr, mais aussi des façons d’habiter, de cultiver, de recevoir.
Envie d’explorer d’autres sentiers ? La page destination Maroc rassemble toutes nos randonnées et conseils pratiques.
Line Veilleux
Line Veilleux
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