
Montagnes sauvages, forêts et villages : randonner sur les sentiers oubliés du Monténégro
Le Monténégro ? Peu en parlent, peu y vont, pourtant ce pays oublié des Balkans convainc d’emblée tous les amateurs de randonnée qui osent être curieux.
Petit par la superficie, grand par la nature ! Le pays entier pourrait être un parc national. Entre crêtes balayées par le vent, sentiers forestiers oubliés et villages où le temps semble avoir ralenti, ce voyage invite à un retour à la simplicité, loin du tumulte.
Comment on a bâti notre itinéraire ?
D’abord, il a fallu déconstruire le peu qu’on en savait : hors de question de faire la tournée Monténégro, Croatie, Albanie en un seul voyage… Beaucoup de transferts signifie beaucoup de temps dans des véhicules, et pas beaucoup sur les sentiers. Nous avons fait le contraire. Tout y est pour le plaisir de la marche.
C’est le même esprit de nos autres voyages en Europe qui nous a animé : dormir plusieurs nuits au même hébergement, tout penser pour faire le plus beau voyage à pied.
D’abord au nord, dans le Parc national du Durmitor. Quelques jours de marche dans ces montagnes qui sont une belle introduction à cette Europe de l’Est. Ensuite, le massif du Komovi, une étape sur notre route vers l’est: des montagnes et des sentiers sauvages. Nous tentons même l’ascension du Vasojeviski (2461m).
Le clou du voyage est aux frontières de l’Albanie et du Kosovo, dans le Parc national des Prokletije. Ces montagnes ‘’maudites’’ sont les plus spectaculaires et les plus sauvages… et pourtant, personne n’y vient encore.
Pour terminer ce voyage, nous entrons dans Kotor. Très touristique, mais encore plus charmante. Comme à notre habitude, nous le faisons à notre manière… en fuyant les foules.
On marche dans quoi, exactement ? De grandes crêtes rocheuses ou des sentiers qui serpentent dans des forêts oubliées ?
On marche dans une grande variété de paysages, et c’est ce qui rend ce trek si intéressant.
Parfois, on avance sur des crêtes dégagées, avec de superbes vues à 360 degrés, surtout dans le Durmitor ou les Prokletije. C’est minéral, un peu escarpé, mais jamais trop technique.
À d’autres moments, on suit des sentiers plus doux, des chemins forestiers bordés de hêtres et de sapins, notamment dans les vallées plus reculées.
On traverse aussi des alpages fleuris, on longe des ruisseaux, on descend dans des gorges profondes… et parfois, on arrive au bord d’un petit lac glaciaire.
Le terrain est varié, donc il faut aimer marcher sur des surfaces différentes et accepter de bons dénivelés. Mais ça reste une randonnée soutenue, pas une expédition technique.
Est-ce qu’on croise du monde sur ces chemins ? Ou c’est le genre de coin où l’on entend juste le bruit de ses bottes ?
Le Monténégro, c’est justement un de ces endroits où l’on peut encore marcher pendant des heures sans croiser personne.
Dans certaines vallées reculées ou sur les sentiers du parc du Durmitor, c’est souvent possible d’avoir le sentier pour soi, juste accompagné du bruit du vent et du clapotis d’un ruisseau. Il y a ce sentiment assez unique de découvrir un coin du monde encore un peu oublié.
Le pays a gardé une sorte d’authenticité. On sent que ça pourrait changer avec le temps, mais pour l’instant, c’est encore là. Et ça donne envie de prendre son temps, d’être attentif à ce qu’on traverse.
On rencontre des gens ? On passe dans des villages lors d'un voyage au Monténégro ?
On s’installe dans des katuns, ces bergeries d’été égrenées dans la montagne. C’est là que les familles amenaient les troupeaux à la belle saison. Ils s’installaient dans ces cabanes rustiques pour que les ovidés et bovidés paissent plus haut. Depuis, la société évoluant, les katuns ont été transformés en petits hébergements touristiques ruraux. Ils sont encore peu utilisés par les agences traditionnelles à cause de leur éloignement des villes, et s’intègrent bien dans la nature. Une famille nous accueille dans ces petits bungalows rustiques. On passe parfois dans quelques villages de montagne, souvent tout petits, où la vie suit un rythme assez immuable, mais l’essentiel du contact avec les Monténégrins se fait dans ces katuns. Nos hôtes sont discrets, se dérident petit à petit. La langue est une barrière, rares sont ceux qui sont à l’aise en anglais ; quand les voyageurs font l’effort d’apprendre quelques mots de monténégrin, les gens de la place sont enthousiastes! Toujours, leur chaleur et leur générosité s’expriment dans les plats familiaux qui nous mettent sur la table. De quoi oublier les efforts de la journée et repartir du bon pied le lendemain.








Et on dort où, exactement ? Des hôtels, des refuges ou quelque chose de plus authentique ?
On dort souvent dans ce qu’ils appellent des katuns : ce sont des bergeries d’estive, parfois très simples, parfois un peu plus confortables.
Au siècle dernier, avec les guerres qui ont marqué le pays, beaucoup de Monténégrins vivaient de l’agriculture. Ils montaient avec toute la famille les troupeaux en estive, ces prairies d’été, et ont construit des ‘‘Katuns’’, l’équivalent des cabanes de bergers. À l’heure actuelle, cette transhumance est de moins en moins pratiquée, les Katuns se transforment pour accueillir les amateurs des sentiers.
La nourriture que l’on mange dans les Katuns, bien que simple, est très savoureuse et consiste en des mets faits maison, à base des ingrédients disponibles dans les
hauteurs de la montagne.
En choisissant de séjourner dans quelques-uns de ces lieux, nous favorisons un soutien à la population locale et participons ainsi, à la conservation de cette tradition séculaire.