
Destination inconnue : l’art de se laisser surprendre
Et si l’on partait sans savoir où l’on va ?
C’est l’idée un peu folle — mais follement excitante — qui trottait dans la tête d’Ophélie depuis longtemps. Un voyage à destination inconnue, où l’on embarque les yeux (presque) fermés, pour mieux s’ouvrir à l’imprévu, à l’ailleurs, à soi. Dans ce billet, elle revient sur la genèse du projet, les inspirations derrière le concept, et ce que ça veut dire, vraiment, de lâcher prise au point de confier son passeport… sans itinéraire.
Entretien avec Ophélie, conceptrice du projet chez Karavaniers
Pourquoi un voyage à destination inconnue ?
Tout a commencé par une passion. J’ai toujours adoré l’émission Rendez-vous en terre inconnue, un classique de la télé française qui selon moi a marqué toute une génération et est encore très populaire aujourd’hui. Frédéric Lopez, le présentateur, emmenait des personnalités dans des coins reculés du monde, à la rencontre de communautés isolées pour vraiment comprendre et mettre en lumière leur culture, leurs traditions, et leurs enjeux. Ils y vivaient une immersion totale durant plusieurs semaines.
J’étais fascinée par tout le processus et l’organisation d’un tel voyage. Je trouvais ça incroyable l’idée de partir vers l’inconnu, de connaitre la destination le jour du départ, de sortir de sa zone de confort.
J’ai souvent rêvé de transposer ce concept à ma façon, de créer un jour des voyages où l’on part sans savoir où l’on va. Une idée un peu folle, mais tenace. En arrivant au Québec il y a une quinzaine d’années, j’avais même le projet de monter une agence spécialisée dans ce type de voyage à destination inconnue. La vie m’a menée ailleurs, chez Karavaniers, où je me suis pleinement épanouie. Mais cette idée-là, elle ne m’a jamais quittée.
Le projet mûrit… puis voit le jour
Cela faisait huit ans que j’en parlais chez Karavaniers. Huit ans à semer l’idée, à imaginer un trek où l’on partirait les yeux fermés, dans tous les sens du terme. Et puis, un jour, les planètes se sont alignées. Deux années de réflexion, de maturation, de logistique. Et finalement, notre tout premier voyage mystère est né.
Le concept ? Un départ annoncé, un niveau de trek précisé, un degré de confort indiqué… mais aucune information sur la destination. Pas de climat dévoilé, pas de photos, pas de nom de pays. Juste une promesse : celle d’un voyage fort, bien pensé, guidé avec soin et attention. Le reste, on le découvre le jour J.
Pourquoi partir sans savoir où l’on va ?
Dans nos vies hyper connectées, on a accès à tout, tout le temps. Avant même de partir en voyage, on a déjà vu les paysages sur Instagram, lu mille articles, regardé des vlog sur YouTube. On arrive sur place avec une impression de déjà-vu.
Je me souviens de ma visite du Machu Picchu : c’était splendide, mais j’ai eu ce drôle de sentiment d’avoir déjà tout vu. L’émerveillement spontané m’avait échappé. Et c’est contre ce « spoil du voyage » que j’avais envie de réagir.
Le voyage mystère, c’est une manière d’aller à rebours de cette surinformation. De se reconnecter au moment présent. De voyager avec le cœur grand ouvert, sans a priori. D’accepter l’inconnu, avec confiance. Et de laisser la surprise, l’inattendu, nous émouvoir.
Une sélection soignée pour une expérience réussie
Pour ce premier départ, on a voulu bien faire les choses. Les participants devaient remplir une fiche de candidature détaillée. On leur demandait leurs antécédents de voyage, les pays visités (et s’ils acceptaient d’y retourner), leur forme physique, leur rapport au confort, leurs limites.
On voulait vraiment constituer un groupe cohérent, ouvert, prêt à vivre l’inconnu avec enthousiasme. Et ça a marché : en deux semaines, on avait reçu une trentaine de candidatures sur lesquelles on a contacté onze pour former un groupe avec les voyageurs les plus aptes pour cet itinéraire. Parmi eux, des fidèles de Karavaniers… mais aussi des nouveaux venus, attirés par l’idée de se laisser porter.
Une préparation bien encadrée, sans tout dévoiler
Même s’ils ne connaissent pas la destination, les participants sont bien encadrés. On leur donne les grandes lignes : niveau de marche, confort prévu, quelques recommandations générales. La liste du matériel, évidemment, est adaptée… mais formulée pour ne pas dévoiler la destination.
Ils ont la possibilité de passer à la clinique du voyageur pour les vaccins ou prescriptions, sans que rien ne soit révélé. Le jour du départ on va réunir tous les voyageurs pour leur dévoiler la destination dévoilement. Ce jour-là, ils découvriront enfin où ils s’envolent. Et l’itinéraire détaillé leur sera transmis… au fur et à mesure.
Et après ?
Ce premier voyage mystère est complet. Et vu l’engouement, ce ne sera pas le dernier ! On prévoit déjà une prochaine édition pour 2027. On reçoit aussi beaucoup de demandes de voyageurs qui souhaiteraient privatiser cette expérience entre amis ou en couple, dans une version sur mesure. C’est vraiment chouette de voir qu’il existe un tel engouement pour ce type de voyage qui n’est pas encore très populaire au Québec. Je suis très heureuse de faire partie de ce projet et de voir la confiance que les gens portent à Karavaniers.
À bientôt, quelque part dans le monde… ou ailleurs.







