Dans les replis de la vallée de Tsum, au Népal

Nichée entre les hauts sommets du Manaslu et la frontière tibétaine, la vallée de Tsum est longtemps restée une parenthèse discrète dans nos itinéraires de trek au Népal. On y faisait une incursion de quelques jours, un aperçu prometteur. Cette année, Ophélie a décidé d’y poser ses bottes pour de bon! Rencontre avec une vallée à part lors d’un trek soutenu, entourée de géants himalayens. Dans ce pays mythique pour les randonneurs du monde entier, il reste encore quelques replis de montagnes confidentiels. Ici, l’ambiance est rurale, en toute discrétion, et profondément vivante.

Une entrevue avec Ophélie, spécialiste et guide chez Karavaniers

Parle-nous de ce qui t’a donné envie d’explorer la Vallée de Tsum ?

Ophélie : Chez Karavaniers, on avait déjà une certaine connaissance de la vallée, mais je n’y avais jamais mis les pieds moi-même. Et honnêtement, c’était difficile de trouver des informations, des images, des récits de voyageurs… La vallée restait assez mystérieuse. Donc il y avait une part de curiosité, et même de mystère, qui m’attirait beaucoup.

L’occasion s’est présentée alors que je terminais un voyage dans le secteur de l’Everest, vers Thame et Gokyo. J’ai prolongé mon séjour et je suis partie, juste avec un guide, explorer la vallée de Tsum. On l’a parcourue au complet avec de longues journées de marche. Nous sommes allés jusqu’au fond, jusqu’au monastère de Mu Gompa, tout près de la frontière tibétaine. Là où plusieurs anciens sentiers de transhumance utilisés par les Tsumpas permettent de rejoindre le Tibet à travers les montagnes.

On a aussi exploré la vallée du Ganesh Himal, souvent laissée de côté, et là encore, j’ai eu un choc : le monastère de Gumba Lungdang — absolument magnifique, entouré par le massif du Ganesh Himal et des sommets de 6000m à 7000m!
Je n’avais pas beaucoup d’attentes en y allant, mais ça a été au-delà de tout ce que j’imaginais. Des paysages plus variés que prévu, des sommets enneigés en toile de fond tout au long du trek. Et surtout, ce contact humain permanent : on traverse des villages, on voit les gens travailler aux champs, on dort dans des petits lodges charmants et confortables… c’est simple, mais tellement riche. Et l’accueil franchement sympathique, continuellement.

Je suis revenue convaincue : ce voyage méritait qu’on le propose comme une vraie immersion, une vraie exploration et de prendre le temps pour le faire correctement. C’est une région encore discrète, mais pleine de beauté, et ainsi on lui donne les lettres de noblesse qu’elle mérite !

Et l’itinéraire, dans cette vallée en plein cœur de l’Himalaya : qu’est-ce qui le rend si particulier ?

Ophélie : C’est une région qui offre un autre visage du Népal. Moins connue, plus rurale, et plus intime aussi. C’est une autre forme de beauté que ce qu’on retrouve dans les vallées du Solu-Khumbu par exemple, où nous avons un lien historique fort avec le pays Sherpa. Là, dans la vallée de Tsum, c’est une autre ruralité, une autre atmosphère. À savoir que la vallée s’est ouverte au tourisme il y a une 20e d’années seulement.

Les Tsumpas ont une histoire intimement liée avec le Tibet et encore aujourd’hui la vallée est teintée d’influence tibétaine. Que ce soit par la langue, la religion, la culture. Ils possèdent une identité forte. J’ai souvent eu la sensation de remonter dans le temps. Au détour de certains villages, ou quand nous étions seuls dans les montagnes, j’ai eu l’impression d’avoir la chance de découvrir le Népal d’autrefois. Encore préservée (d’ailleurs aucune route ne traverse la vallée, mais pour combien de temps encore ?).

Le mot authenticité est assez galvaudé aujourd’hui, mais c’est clairement ce qui me venait souvent à l’esprit pendant la marche.
L’altitude moins élevée rend les paysages très différents, plus verdoyants et diversifiés. Nous passons par des forêts de sapins et de pins parsemés de rhododendrons, des villages de pierres si caractéristiques de cette région, pour enfin parcourir des sentiers panoramiques à flanc de montagne et offrant des vues spectaculaires sur l’Himalaya. Plusieurs monastères très anciens sont sur notre itinéraire ; d’ailleurs, nous dormons dans deux d’entre eux pour une expérience assez unique et nous permettons d’explorer un peu plus les fonds de vallées. C’est un grand coup de cœur.

Explorez la vallée de Tsum

Et un trek dans la vallée de Tsum, ça s’adresse à qui ?

Ophélie : C’est un trek qu’on classe comme « soutenu » chez nous — donc un niveau 3 sur notre échelle Karavaniers. On parle de journées de 4 à 6 heures de marche, ce qui reste très raisonnable, mais il faut être bien préparé quand même. Au Népal, il n’y a pas de terrain plat : ça monte et ça descend en permanence. Les dénivelés peuvent tourner autour de 600 à 1000 mètres (et parfois un peu plus) donc il faut s’y préparer.

Cependant, l’altitude n’est pas un enjeu majeur ici. On évolue entre 1500m et 4000m tout au long du voyage, ce qui permet une acclimatation très progressive, sans passage abrupt.

Mais, ça reste un trek : il faut marcher régulièrement avant le départ, varier les terrains, intégrer du dénivelé, et idéalement compléter avec des activités d’endurance comme la course, le vélo ou la natation. Ce n’est pas un trek exigeant, mais il faut avoir de bonnes jambes et l’envie de marcher jour après jour.

À quelle saison faut-il entreprendre le trek ? Quelle est la meilleure période pour partir dans cette région népalaise ?

Ophélie : On reste dans les deux grandes saisons classiques pour le Népal : le printemps (mars et avril) et l’automne (octobre et novembre). Ces périodes offrent un climat sec, des sentiers praticables, et une bonne visibilité sur les montagnes.

Il faut noter que la vallée de Tsum commence relativement bas, autour de 1500m, donc on peut avoir chaud, même très chaud, dans les premières journées. Des températures autour de 25° à 30°c à midi, ce n’est pas rare. Mais dès qu’on monte, passé les 3000m, ça devient beaucoup plus agréable.
Il faut s’attendre à une belle amplitude de température, mais dans l’ensemble, ce sont des conditions parfaites pour la marche.

Explorez la vallée de Tsum

OPHELIE JASKIEWICZ
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