Projet Aide et reconstruction au Népal

Tout aurait commencé avec la tête d’un serpent. Fauché par un paysan. Le dieu de la terre n’est pas content. Il y a maintenant un an. Des dizaines de « secousses ». Des milliers de victimes, disparus, réfugiés. L’instabilité n’est pas que sismique. Le régime politique n’était pas des plus stables au Népal… Et puis l’embargo indien, de longs mois.

Mais désormais retiré. Maintenant, une nouvelle constitution.

Le peuple se relève, et son enthousiasme sans faille est inspirant.

Aide et dons de centaines d’amis voyageurs ou d’anonymes, collaboration avec Architectes de l’Urgence et de la Coopération, rapport détaillé de Alain et Maude, le projet de reconstruction dans la région de Taksindu est lancé.

Un an après. Un centre communautaire est en train d’être construit dans les villages du sud du Solu Khumbu. Et deux écoles (à Deku et à Chhulemu) ont pu être rénovées.

 

Récit non technique et partage d’ambiances :

Comme chaque expérience solidaire, on a bien plus reçu à mon sens.

Lever de soleil sur les vallées, drapeaux tibétains au vent, goût de noisette des patates bouillies, juste ramassées des champs, vol de l’aigle royal et son salut tourbillonnant, rires timides, rires taquins des écoliers, leurs petits uniformes, sages, propres, sales, rangés, débraillés, leurs petites mains curieuses, pleines d’espoir, de débrouillardises, les petits nez, mignons, parfois morveux et les yeux pétillants qui vont avec. Les petits bancs en bois, les lettres d’alphabet nepali qui pendent du plafond en bois, les jours de la semaine en anglais accrochés aux murs au milieu des dessins de fleurs, de montagnes et de yak.

Une puja. Le murmure des jeunes moines se balançant, accroupis au-dessus de leurs feuilles de prières, la délicatesse des objets, voyage dans le temps, rayon de lumière qui transperce la pièce, la transparence du tambour de peau, le goût du thé au lait sucré, une fois, deux fois, trois fois. Derrière un plat abondant d’offrandes colorées, deux enfants moines bavardent, les yeux malicieux. Les dizaines de têtes et d’yeux, de bras de divinités peintes aux murs, derrière le style naïf et coloré, surveillent, protègent, compatissent, affrontent. Font le lien entre le concret, le spontané et le céleste. Philosophie ou religion.

Les clochettes qui sonnent à l’aube, au-dessus de nos tentes. C’est le ciment qui arrive à quatre pattes … Sur le dos des mules, indisciplinées et plutôt têtues dans la nuit qui s’achève. Les outils improvisés, l’intérieur humide des salles de classes puis les moisissures dégarpissent. Ça creuse, ça calcule, ça nettoie, ça mesure, ça rit, ça se mélange, les cœurs, le béton, les regards. Ça avance, ça avance bien. « Ek, do, tin ». « No shoes, no gloves » ma condition souriante aux jeunes villageois venant eux aussi aider chaque matin en gougounes. Ils rient et reviennent les orteils protégés.

Les «namaste », les mains âgées, nouées, musclées, fortes, douces, plissées, vives. La terre dans chaque petit pli de la vie. Chaudes, aimantes. La générosité dans sa simplicité.

Le fromage parfumé qui sort de sa cachette, l’intérieur des maisons et les pas qui résonnent sur le bois craquant. Les 7 petits bols d’eau, qu’on vide chaque jour, sous les yeux du bouddha choisi, qui surveille la fumée de son encens, aidé du Dalaï Lama, encadré en photo. Les gigantesques pots de cuivre martelés. Le goût du thé au beurre. Le Dal Bat Power. Les câlins du petit chiot. Le jaune des champs de moutarde à travers la fenêtre. La fille aux yeux de miel. Les mèches négligées mais bien calculées des adolescents, le vernis aux ongles, le téléphone chantant dans la poche du pantalon (taille basse?), leur anglais timide. Leur tradition musclée et fière de porter, les paniers sur le dos, soutenus depuis le front. Et leur manière délicate de se laver le visage sous notre poussière quotidienne.

Le coucher de soleil éclairant les cimes de l’Est, les chapeaux blancs des 7000m orangés en soirée.

Et le parfum des lokta roses qui se mélange à celui de la forêt de pins et de rhododendrons. La mousse aux troncs des arbres amplifie juste ce qu’il faut cette marche comme un conte.

C’est ça aussi le Népal. Aimer les montagnes depuis les vallées.