
Le Népal avec les Chèvres de Montagne : marcher lentement, entre femmes, au pays des sommets
Texte de Renée-Claude, des Chèvres de montagne et guide Karavaniers
« Ce voyage, c’est d’abord une aventure humaine. On part avec des inconnues, et on revient liées par une expérience puissante, parfois silencieuse, souvent vibrante. Autour d’un thé, dans une montée difficile ou lors d’un fou rire à 4000 mètres, il y a eu une profonde solidarité. Une sororité naturelle, sans artifice.
On se confronte à ses limites, mais surtout à sa force. Respirer à 4500 m demande de l’humilité. Chaque pas devient une petite victoire. Le corps ralentit, le mental se déploie. On découvre une puissance intérieure insoupçonnée. Et dans ce lent effort, une nouvelle écoute se crée, de soi, des autres, du paysage.
Cet itinéraire de trek au Népal, dans la vallée de Thame, je l’ai choisi pour sortir du rythme effréné, pour marcher lentement, observer, écouter. Le Népal nous force à ralentir, à savourer. Rien n’est pressé là-bas. C’est une école de patience, d’attention. Une invitation à revenir à l’essentiel, à être plutôt qu’à faire.
Trois vallées, trois visages du Népal
Ce trek nous a permis d’explorer trois vallées emblématiques du Népal, chacune avec sa propre âme, ses couleurs, ses défis.
La vallée de Thame, moins fréquentée, a été notre porte d’entrée vers un Népal plus discret, plus intime. C’est la vallée des Sherpas d’origine, celle des premiers porteurs devenus légendes de l’alpinisme. L’ambiance y est paisible, les villages accrochés à flanc de montagne respirent l’authenticité. À Thame même, le monastère perché dans la falaise dégage une puissance calme, presque hors du temps.
La vallée de Gokyo, atteinte en franchissant le spectaculaire col du Renjo La (environ 5400 m), nous a coupé le souffle — littéralement et émotionnellement. Cette traversée est un moment fort du trek : une montée exigeante, un passage à haute altitude, puis une descente sur un panorama qui s’ouvre soudain sur les lacs turquoise de Gokyo et les géants himalayens qui se dessinent à l’horizon, dont l’Everest. Gokyo, c’est la beauté brute, sauvage, grandiose.
Et bien sûr, la vallée du Khumbu, mythique, plus fréquentée, mais tellement marquante. Là, on marche sur les traces des expéditions vers l’Everest, on traverse des villages emblématiques comme Namche Bazar, on croise des caravanes de yaks, on entend résonner les tambours dans les monastères. Malgré sa popularité, le Khumbu nous ramène constamment à l’humilité face aux montagnes.
Chacune de ces vallées a laissé son empreinte. Ensemble, elles ont dessiné un itinéraire à la fois exigeant, inspirant et profondément transformateur.
Des gestes simples, des rencontres vraies
Les Sherpas nous ont accueillies avec une chaleur incroyable. Toujours le sourire aux lèvres, ils portent leur monde avec une dignité silencieuse. Une leçon d’humilité. Échanger quelques mots, partager un thé, recevoir une bénédiction… Des moments simples, mais inoubliables.
Le Népal nous ralentit. Le silence des monastères, les moulins à prières qui tournent au vent, les drapeaux accrochés aux sommets… C’est un pays qui vibre autrement. Pas besoin de chercher les grandes vérités : elles se trouvent dans le quotidien. Dans une cuisine sombre, dans un regard, dans le geste lent d’un moine qui referme une porte.
La cuisine du réconfort
Simple, réconfortante, toujours offerte avec générosité : le dal bhat (lentilles, riz et curry), les momos vapeur, le thé au gingembre bien chaud… On mange comme les locaux, et ça fait du bien. Une cuisine qui réchauffe, surtout quand le corps est fatigué.
Ces repas, parfois très attendus après une longue journée, font partie intégrante du rythme du voyage. Le bol fumant qui arrive, le silence autour de la table, les sourires partagés : ce sont de petits rituels qui rassurent et soudent le groupe.
Ce trek au Népal, avec Karavaniers et les Chèvres de montagne, ce n’était pas une aventure.
C’était un cheminement. Une marche lente, puissante et humble, au pays des sommets et de la présence.
Et on en revient changée.






