Un itinéraire n'est jamais quelque chose de fixe. Il peut être modifié, s'adapter (un avion qui ne décolle pas, une cérémonie imprévue à laquelle nous sommes conviés, une vallée qu'on ne connaissait pas et qu'on se propose de découvrir)... Et alors, très vite, l'itinéraire prévu passe au second plan. Le guide s’assure que vous passiez la plus belle des expériences possibles, faites-lui confiance.
La veille du départ - Comme le train quitte très tôt la gare de Sept-Îles le jour du départ (jour 1), vous devez prévoir arriver la veille à Sept-Îles, et y loger (hébergement non-inclus). Le guide vous proposera sûrement à tout le groupe une petite rencontre autour d’une bière en fin de journée, question de se rencontrer et de voir aux derniers préparatifs en vue du lendemain matin.
Jour 1: Train de Sept-Îles à Schefferville – lâcher prise... sur le temps!
Tôt le matin, rencontre avec votre guide et le groupe à la gare de Sept-Îles. Enregistrement des bagages et départ en train vers le nord, et la communauté de Schefferville. La voie longe d’abord la tumultueuse rivière Moisie, avant de pénétrer le territoire. Au fil des heures qui passent, des familles descendent ou montent à bord, rejoignant pour certains leurs camps de pêche et de chasse, pour d’autres, c’est le retour à leur communauté tout au nord. Nous passerons tout près de la frontière avec le Labrador notamment, parions que rendu ici, vous aurez déjà une version un peu différente de la notion du temps. Des pygargues et balbuzards nous jaugent depuis la cime des arbres, un ours n’est jamais si loin non plus. Repas à bord, lecture, conversations. Arrivée à Schefferville en soirée, voire en début de nuit. Court transfert vers notre hébergement, à la base d’hydravion. Nuit en pourvoirie simple mais confortable.
Jour 2: Vol en hydravion vers la jonction de la rivière aux Indiens – rivière Georges
Derniers préparatifs et rendez-vous à la base d’hydravion de Norpaq pour rencontrer l’équipe qui assurera notre dépose sur la rivière, et le début de l’expédition. Le Otter à turbine survole la communauté Naskapi de Kawawachikamach, des dizaines de lacs étendus puis la taïga. Plus au nord, nous devinons enfin la vallée de la George que nous survolons un moment.
Une fois l’hydravion posé, transport de l’équipement sur la rive Est de la rivière, où nous amorcerons le trek. Montage du campement, et lunch. Nous sommes à l’extrémité nord de ce que les innus appellent le lac à la Hutte Sauvage, un élargissement naturel de la rivière George de 104 km, au centre duquel est situé le campement principal du Mushuau Nipi, que nous rejoindrons dans 6 jours. Un parcours qui promet un fort sentiment d’isolement, des panoramas typiques du nord, et la curiosité de croiser des lieux historiques d’importance.
En après-midi, si le temps le permet, nous irons explorer les alentours, le site recélant des vestiges attestant de la fréquentation du secteur par les Innus. Nous longerons un moment la rivière pour bien sentir la puissance des rapides qui dévalent la rivière sur plus de 6km. Retour au campement en fin de journée, nuit sous tente.
Jours 3 à 8: Trek hors sentier sur la rive Ouest de la rivière George – des Highs Cliffs à Wedge Point
Après une première nuit à l’embouchure de la rivière aux Indiens, nous montons à bord du Zodiac avec tous les bagages, pour traverser sur la rive ouest de la George. Après une heure sur l’eau, le Zodiac nous dépose avant de poursuivre sa route, nous le retrouverons ce soir. La progression aujourd’hui nous rapproche du secteur de High Cliffs, une section plus encaissée de la rivière, où nous montons notre deuxième camp, pour une ou deux nuits.
Toujours hors sentier, nous parcourrons une moyenne de 10-12km chaque jour. Le relief est peu important, mais le terrain comporte certains défis. Sur les buttes et crêtes, la progression sur les dalles et la mousse sera plus facile, mais dans les petites dépressions, la végétation peut se faire plus haute et plus dense. Il y aura aussi plusieurs traverses à gué de rivières à effectuer et l’eau n’est pas particulièrement chaude à ces latitudes! Mais c’est bien dans ces territoires non aménagés et sauvages qu’on se défini et qu’on redéfini un peu la notion de liberté... et de nordicité.
Comme les bagages et l’équipement de campement sont transportés par Zodiac, nos campements seront montés en bord de rivière toujours, et souvent, les lieux seront propices à une courte baignade, et un peu de pêche dans les affluents de la George. Le soir après le souper, les plus tenaces devraient surveiller le ciel, en quête du fabuleux spectacle des aurores boréales.
Le sixième jour de notre randonnée, alors qu’au loin nous voyons apparaître le relief unique de l’esker de Wedge Point, nous voyons apparaître les shaputuan (tentes traditionnelles) du camp et la fumée qui s’en échappe. Accueil au campement et thé avec les gens présents. Installation au shaputuan réservé pour notre groupe avant d’aller prendre connaissance des alentours. Repas au grand shaputuan tous ensemble, nuit sous la tente traditionnelle (chauffée au bois, nos matelas sont posés sur des toiles au sol).
Jour 9: Excursion archéologique – temps libre au camp
L’occupation ancestrale du site du Mushuau-Nipi remonte à plus de 6000 ans. Une randonnée d’une demie journée environ nous sensibilise aux sites de campement anciens et présence d’artéfacts, notamment, la présence d’un shaputuan à 4 feux, très rare au Québec. Autant de témoins d’une occupation passée importante du site. Il est estimé que plus de 100 personnes se sont retrouvées à certains moments sur le site pour les grandes chasses au caribou, en faisant l’un des lieux d’occupation les plus riches et les plus connus des Innus.
Jours 10 à 12 : Vie de campement : pêche et fumaison, randonnées, cueillette, discussion animée
Eskers, moraines, lignes de plages d’anciennes mers, blocs erratiques, éboulis de gélifraction, champs de polygonation. Les paysages autour du campement offrent un visuel privilégié sur de nombreux phénomènes géomorphologiques typiques des écosystèmes nordiques, d’autant que peu de végétation recouvre le sol. La plupart de ces paysages sont accessibles en courtes randonnées à partir du campement principal. La journée se terminera par des repas généreux, savoureux, la dégustation de différentes viandes sauvages, poissons et baies trouvées dans les environs du campement, des discussions et échanges animés captivants. Nuits sous le shaputuan.
Jour 12 : Vol en hydravion de retour vers Schefferville
En fonction de la météo, l’avion se posera plus ou moins tôt sur la rivière pour nous permettre d’embarquer nos bagages, et de monter à bord. Il ne faut jamais sous-estimer les liens qui se tissent en si peu de temps lorsqu’on est en environnement isolé et dans des lieux chargés d’histoire comme ceux du Mushuau Nipi. Les «adieux» sont un peu déchirants, l'hydravion nous offre un dernier coup d'oeil sur l’immensité, les lacs à la centaine, et enfin, les communautés de Kawa et Schefferville.
La région de Schefferville compte un peu plus de 2000 habitants, la moitié innue et l’autre naskapi, auxquels se mêle une centaine de non-autochtones tout au plus. Ce lieu, pivot de l’industrie minière du Québec, a connu son essor dans les années 60 à 80, initié par le gouvernement de Maurice Duplessis qui y vivra aussi ses dernières heures.
Nuit en pourvoirie ou guesthouse.
Jour 13 : Retour en avion vers Sept-Îles
Cette fois, c’est par les airs que nous regagnons la côte du golfe St-Laurent, et Sept-Îles. Fin du séjour.